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À nos agresseurs



Toi qui as profité de ma jeunesse

de mes rêves

de mes lettres d’enfant

envoyées vers l’avenir

qui a mis ta bite

où il ne fallait pas

qui as mis dans ma tête

que c’était de ma faute

qui m’as dit que j’étais

comme ça


Toi qui as dit mon nom

comme celui d’un chien

qui m’a suivie

jusqu’à ce que je ne vois plus que toi

autour de moi

qui m’as fait être

sans volonté

jusqu’à ce que je m’échappe


alors tu as lancé

des souhaits maléfiques

pour me réduire à néant


si ce n’est plus mon jouet

que le jouet périsse

tu as dit sans doute


Toi et toi

vous êtes

devant moi

aujourd’hui

et vous êtes avec les années

devenus les objets pitoyables

de vous-même

ratatinés et moches

détruire

humilier


Moi

j’ai esquivé

tenu bon

jusqu’à étouffer


moi la chose


j’ai tenu à ma vie quand même

parce que je savais

qu’il y avait

comme une lumière en moi

que ça valait plus

que tout

ce qui vient de vous


Je n’ai déjà

même plus de colère

même plus de pitié

pour vous



Poème publié sur le site de la revue féministe Castor Magazine avec une illustration originale de Txilin Saraiva. Mille mercis à iels.

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